- Pour que chaque sage-femme puisse exercer toutes ses compétences;
- Pour que chaque femme puisse choisir d’accoucher à la maison en étant accompagnée par une sage-femme...
... l'ANSFL (Association Nationale des Sages Femmes Libérales) et le syndicat l'UNSSF font circuler une pétition qu'elles remettront à certains élus et responsables politiques dans quelques semaines.
Pour que leur parole ait plus de poids ...
...N'hésitez pas à signer et à diffuser largement cette pétition:
Vous trouverez aussi cette pétition téléchargeable et imprimable sur le site de l'ANSFL à cette adresse :
http://www.ansl.org/Pages/assurances.htm
Le pourquoi de cette pétition est expliquée ICI
Faites vite...
La pétition est à envoyer AVANT LE 1er MARS !!
L’envie me prend d’écrire à nouveau ma deuxième naissance, chez nous, pour toi Naéli.
Et parce que mon corps si malmené et attendri à la fois me questionne encore : l’idée d’un autre bébé, déjà mais comment çà se fait ??? Cette pulsion ressentie forte vers les 14 mois de ma 1ère fille, me titille à nouveau. Elle accompagne aussi un cheminement intérieur, essayer de laisser vivre plus de ressentis et moins de pensées, couper le flot de ces pensées trop présentes, envahissantes et qui d’ailleurs ont pu m’amener, avec le recul à beaucoup de souffrance pour mes 2 naissances !
La tête continue de commander alors que pendant ce moment du don de la vie il faut juste écouter son corps…Sans peur de trop de douleur ni impatience, avec confiance et amour !!!
Mais c’est difficile, la prochaine fois sera une autre histoire, enrichie de ces 2 expériences fabuleuses !! Prendre le temps de vivre les sensations…être heureuse du moment présent.
J’aime être enceinte, pouponner, donner le sein….malgré la dureté de l’enfantement, quelle chance de pouvoir se dire « je veux plein d’enfants ! », quelle chance d’avoir le bon papa, merci aussi à lui, sans qui je n’aurai pu connaître pareil bonheur…
Le 15février, je songe encore très fort à ta venue après un « faux-vrai » début de travail. Depuis plusieurs jours les sensations sont fortes et forte la croyance que çà y est tu vas venir parmi nous…ce matin encore j’y crois...à qui, quoi dois-je m’en remettre pour assouvir cette envie, cette impatience…
Joëlle hier au téléphone me disait : « tu es en train de vivre l’ombre de l’accouchement, qui s’étire…et petit à petit se prépare.. » et me prépare...Tant mieux si cela adoucit l’expérience du moment de la naissance, mais c’est dur à vivre pour quelqu’un comme moi, plutôt impatiente de vivre les choses !!!!
Peut-être ai-je encore besoin de ce répit avant de plonger dans notre rencontre, il est vrai ce matin, j’ai peur !!! Mais l’inconnu effraie, comment pourrait-il en être autrement ? Pourtant je me sens prête, confiante en ta venue ici chez nous, j’ai envie de t’accueillir, voir qui tu es !!!Le coq chante au loin…Peut-être est-ce juste une pause…
Et tu es venu à nous, le 17 février au petit matin, même jour de naissance de celle accompagnant la tienne, la nôtre, quel heureux hasard sous le signe de cette forte rencontre !!!
Une naissance entourée de femmes, moi qui en avait rêvée, les choses se sont arrangées seule pour nous mener à ce partage…
La veille au soir pourtant fatiguée je ne trouve pas le sommeil, ces derniers temps j’ai trop de mal à me reposer je suis impatiente de quitter cet état, devenir mère une 2è fois, je guette tous les prémices de ta venue en moi, ultime préparation…Couchée tôt vers minuit peu à peu je m’assoupis après avoir consacré l’amour qui nous unit, retour à la source comme pour l’origine de ta vie… à 2h les premières contractions me réveillent, je descends mettre du bois et réveille Pierre, cette fois j’en suis sûre c’est parti ! Comme pour Lhassa elles sont déjà rapprochées, une dizaine de minutes, nous hésitons quelque temps pour prévenir Joëlle, Envela et Gaëlle. Vers 3h je téléphone à Joëlle, elle attend l’arrivée d’Envela puis elles viendront ensemble :
« nous serons là dans 1h30… »
Petit à petit je fonds dans le rythme de l’accouchement, tant redoutées et appréhendées, me voilà au cœur des sensations « douloureuses », je me force à positiver, moi qui voulait voir ce bébé le voilà alors sois contente !! Suivre les conseils de Leboyer, lu et relu : ne pas lutter contre mais accepter et accompagner ! Je mets de la musique, quand la contraction monte, je me mets le ventre face à la cuisinière à bois, au chaud, je souffle et me balance, petit à petit cela deviendra une vraie litanie... «Hummm », pendant le fort de la contraction, en tenant mon ventre en invitant ce petit à venir doucement. Le rythme s’installe et m’accompagnera presque tout l’accouchement, ponctué de gémissements et de balancements, cela permettra sa descente et mon ouverture dans la meilleure des danses !
Pierre veille à moitié endormi…nous tentons un moment le jeu de la compresse chaude mais c’est trop réfléchi, contraignant à mon goût, je m’en passe.
Je me vide aussi les intestins peu à peu, entre 2 contractions je m’allonge sur le canapé, puiser quelques forces. Je me sens un peu fatiguée, bercée par la musique, en gémissant, mais je me sens bien !!! Avec le recul ce fut même « agréable », je n’aurais jamais cru pouvoir le dire !
Un moment privilégié...Une danse douce et forte devant la chaleur, dans la lumière tamisée au creux de la nuit, un beau voyage intérieur et le temps qui fond…
Vers 5h30 les filles arrivent, embrassades, 1ère rencontre avec Envela mais je demeure « centrée en moi », nous n’échangeons aucun mot, Joëlle s’approche, m’observe je lui dis avoir perdu un peu de liquide…je me sens fatiguée, j’ai peu dormi, ils descendent un matelas devant la cuisinière je prends place mais au fond de moi je ne sens pas la chose ainsi. Gaëlle arrive, prépare un tchaï à la cuisine.
Emerge en moi la question de Lhassa, tranquillement endormie là-haut…Nous en avions beaucoup parlé avant sans réussir à savoir à l’avance ce que l’on décidera…je ne voulais pas l’exclure tout en me rappelant à quel point j’avais été dans ma bulle la 1ère fois, et je ne me serai pas vu avoir mon enfant près de moi. Nous partageons tous la même chambre et l’idée me gêne de l’enlever de notre chambre commune, même si comme pour elle je suis sûre de vouloir enfanter sur mon lit.
Les contractions s’intensifient. Je demande à Joëlle : « où j’en suis à ton avis ?? Je me demande par rapport à Lhassa…je veux aller dans notre chambre… » « Si tu sens qu’elle te « dérange » il faut la faire partir »
Oui je veux retrouver le nid de la chambre « seule », ne pas la savoir par là susceptible d’entendre mes plaintes alors on rappelle Sophie, Pierre monte la réveiller, Sophie arrive...je vis quelques contractions devant elle, elle semble impressionnée, mes gémissements se renforcent, la contraction est longue maintenant…entre 2 je parviens à embrasser Lhassa et lui explique la venue de son petit frère…Sage conseil que d’attendre le passage de la contraction, finalement je me vois mal gémir devant elle, trop de sensibilité…Pierre les accompagne, nous on monte, Joëlle me précède pour installer ma couche, je veux la couverture bleue d’Afrique.je suis si bien dans ma chambre !!!
Pierre nous rejoint, Joëlle me demande si elle doit prévenir Gaëlle restée en bas quand elle sent l’imminence de la naissance, je lui dis oui, persuadée d’avoir fait comprendre à Gaëlle que c’était à elle de décider de ce qu’elle voulait faire, je pensais donc qu’il lui fallait du temps….elle descend la chercher, je saurai plus tard qu’elle lui a dit : « laisse ton tchaï les choses s‘accélèrent, rejoins-nous ! »
Je demande à Pierre de fermer la porte, scellant à ce moment là selon Joëlle l’issue de ta venue !
Je bascule dans la violence des sensations, ma « maîtrise » jusque là efficace, s’effrite et je commence à perdre pied, submergée par la DOULEUR !!Je veux sentir sa tête, je n’arrête pas de mettre ma main mais rien, je ne veux pas vivre ces instants, je demande à Joëlle de l’aide, j’ai mal !!!Je me mets à crier, à hurler à genoux, au cou de Pierre, terrassée par la fin de l’accouchement, je ne pensais pas en montant que tout irait si vite ! bien que pour la dernière contraction en bas j’ai perçu une réelle poussée sur le bas…je bascule dans une autre ambiance, je perds le reste du liquide et le peu de patience qu’il me reste ! « Bébé viens !! »
Chaque contraction est une violence, le temps me parait s’être arrêté dans la souffrance,
je sanglote, par chance le répit est savoureux entre ces dernières contractions, je pourrai presque me rendormir !
« Joëlle combien de temps encore ?? »
« 3 ou 4 contractions »
« Non, non je ne veux pas…je ne veux plus…ahhh çà fait mal !!! »
« Prends ton temps, ton bébé remonte après la contraction, et c’est bien repose toi »
Pierre me soutient, silencieux mais présent, les filles me regardent mais j’ai perdu le lien, oublié leurs présences, je me crois hurler à les terroriser mais apparemment non …j’ai chaud très chaud !!Le bébé presse sur la sortie, je pousse en même temps en hurlant,
« Joëlle aide moi çà brûle … » elle me pose la main au niveau du périnée…et puis la tête sort…en suspens...je me repose en attendant la dernière l’ultime, et puis tu glisses entre mes jambes, accroupie, sur le drap blanc, je te saisis un peu effrayée par ton gargouillis, Joëlle a pris Gaëlle dans ses bras, je crois avoir souvenir de son petit cri à ta sortie, de ses pleurs naissants.
Je cherche de l’aide mais Joëlle me dit que tout va bien et effectivement je te serre contre moi, je m’allonge rejoins par Pierre, nous t’enveloppons d’une serviette et c’est fini…..je savoure la fin de cette « torture » et je pèse le mot !! Je me dis, comme la 1ère fois, que je n’aurai pas d’autre enfant, c’est trop dur à vivre….pourtant quelle harmonie…et puis tu es venu vite, 1h après notre arrivée dans la chambre, le jeu de 10 contractions pas plus, mais pour moi un temps presque intolérable …
J’avoue avoir pensé à l’inverse du commun des femmes, j’aurais une péridurale pour les autres, les autres mais quels autres ???
Heureusement aujourd’hui le souvenir s’est estompé ….
Une fois la difficulté surmontée et digérée, l’amour prend le relais et la magie d’avoir ce petit bout dans les bras !!! on reste ainsi un temps, puis mue par la faim et la soif et l’envie de partager mon excitation avec les autres que j’entends en bas, on appelle Joëlle pour la délivrance et le cordon…je pense descendre en bas, et puis non c’est quand même précipité,
alors on viendra à moi !
On prévient Sophie et Lhassa qui nous rejoignent, Lhassa regarde Naéli et dit « Sophie on va jouer en bas » pas très concernée…je suis excitée nerveusement et sens poindre en moi la nostalgie d’avoir déjà vécu ce moment unique, d’autant plus dans le partage avec les filles.
Gaëlle s’éclipse avec ses hommes, Envela vient me remercier, nous causons un peu, nous embrassons et promettons de nous revoir bientôt…..Joëlle doit revenir dans 2 jours pour une injection, on s’embrasse…..et puis Naéli a tété et les contractions ont recommencé !!
Je ne savais pas que j’allais vivre encore 3 jours de souffrance, mardi matin après une mini tempête, pour moi reflet symbolique de l’enfantement, elles se sont doucement évanouies...
Quelle horreur d’avoir eu encore à vivre çà à chaque tétée, normalement source de plaisir, dure sensation ce mélange de peine et de joie….
On ressent une nouvelle fois l’incroyable nécessité du yin et du yang de la vie…et l’invitation à y puiser un peu de sagesse…
Donner la vie nous mène loin, en nous, et nous rattache à l’histoire de l’Homme….
On peut naître à domicile. En Ardèche, deux maternités ont fermé, à Saint-Agrève et Tournon. Les futures maman devront effectuer plus de kilomètres pour accoucher. A moins, de faire le choix de rester chez elles. En France, seulement 60 sages-femmes proposent l'accouchement à domicile. 20% d'entre elles exercent en Drôme/Ardèche.
Voir (ci-joint) le reportage de Jean-Paul Savart et Philippe Blaise. Témoignages de Valérie et Stéphane (mère et père de Numa), Amblie Leroy (sage-femme à domicile), Emilie Dalbanne (sage-femme) et Julie Rameau (future maman).
http://rhone-alpes-auvergne.france3.fr/info/49984950-fr.php
Nous l’appelions Graine durant la grossesse, et n’avions pas souhaité connaître à l’avance son sexe. Il est né le 18 novembre chez nous.
Depuis début novembre, des contractions m’empêchaient de dormir, environ une nuit sur deux, j’étais fort fatiguée. J’en avais assez, mais j’essayais aussi de profiter de cette fin de grossesse. Je me demandais quand Graine arriverait. J’espérais qu’il viendrait plus tôt au Rendez-Vous.
Les affaires que ma sage-femme a demandées sont prêtes, ou presque, dans une caisse notre chambre. Mon mari, Manu a installé une armoire dans la chambre de Mélissa, pour récupérer la table la langer, qu’il a placée dans notre chambre. Mais il n’y a pas encore le berceau… il est encore dans le grenier.
Le samedi 15 novembre, on décide de partir voir la neige dans les pyrénées. J’en avais vraiment envie, de voir en vrai ces paysages enneigés, d’en profiter car cela ne sera pas possible avec bébé pendant longtemps. Les sommets enneigés nous narguent de loin, on les aperçoit de chez nous par beau temps, alors allons-y ! Nous partons en fin de matinée en Ariège. Les enfants s’en donnent à cœur joie en luge. Le temps est magnifique, la neige belle. On respire l’air de la montagne. En redescendant, je sens une belle grosse contraction. Nous sommes à 1h30 de route de chez nous. Je me dis que si c’est le jour J, on aura le temps de rentrer et d’appeler la sage-femme. Mais il n’y eu que cette contraction. Ce n’est pas le jour qu’a choisi Graine pour naître. On mange de la pizza et des glaces. Je suis fatiguée.
Le lendemain, la journée se passe alors que Manu est avec des amis à midi. L’après-midi, j’emmène les enfants au bois à côté, ils jouent sagement jusqu’à la tombée du jour.
Le lundi, après encore une nuit à mal dormir, je me repose le matin sur le canapé et j’ai longuement une amie au téléphone. On parle de notre projet de naissance à la maison, de comment on s’était préparé. Elle aussi attend un bébé, pour Noël ! cette petite fille naîtra à la maternité. Je lui dis que je suis pressée que Graine naisse, que sans doute je vais aller me promener ou faire quelques courses. J’avais envie d’un flan aux pruneaux et il me manquait un ou 2 ingrédients. Je lui explique que les sage-femmes ont prévu de venir le lendemain mardi en fin de journée en repérage… Après cet appel très sympathique, je décide de partir faire des courses. Je prends même un pack de lait, et la caissière est très gentille et me le met sur le tapis, puis le remet dans mon cadie.
Je déjeune, j’essaie de me reposer, je prépare le flan. Mmmm ça sent bon dans la maison. J’attends la visite de mon accompagnatrice à la naissance. On discute tranquillement, nous ne pensons pas avoir besoin d’elle au moment de la naissance, nous avons confiance. Moi j’espère que ce sera la nuit, que les enfants dormiront, ou seront à l’école. Je me sens détendue. Elle me dira plus tard qu’elle m’avait sentie « lâcher prise » ce jour-là.
Pendant qu’elle est encore là, Manu rentre tout fier avec des bandes de plâtre. Nous avions enfin de quoi faire un moulage de mon gros bidon.
Lorsque je vais chercher les enfants à l’école, j’ai certes des contractions, c’est dur de me déplacer, mais je suis enjouée, je discute avec plus de parents que d’habitude, je suis sereine. J’inscris les enfants au centre de loisirs pour le mercredi, car cela leur fait plaisir.
Le soir nous n’avons pas fait le moulage de mon gros ventre finalement. J’ai froid, suis fatiguée. Nous rangeons des affaires dans le bureau. Nous avons la flemme de faire ce moulage, et pensons pouvoir le faire plus tard. C’est curieux, hein? C'est que cela ne devait pas se faire...
Dans la nuit, à 1h30, je sens une petite coulure, en fait des glaires. Je me recouche. A 4h30 plus grosse coulure, franche, et cette-fois-ci teintée, accompagnée des fameuses contractions. Elles étaient régulières. Je gère en essayant de ne pas réveiller mon Manu… Qui se réveille. Il me propose de me faire couler un bain. Je m'y plonge, je respire chaque contraction, j'oxygène cet utérus qui travaille pour que mon bébé naisse sûrement aujourd'hui, mardi 18 novembre. Je demande à mon homme de voir la fréquence des contractions: toutes les 4 min. OK on va appeler Béatrice la sage-femme alors. Il est 6h20. Curieux je n'étais pas pressée de l'appeler, peur de déranger...? elle écoute, et dit :" bon ben j'arrive, je me lève et j'arrive". Je suis d’autant plus sereine.
Dire que les sage-femmes avaient prévu de venir en repérage à 18h30 !…
J’envoie un SMS à A., qui m’a accompagnée pour cette grossesse. Juste qu’elle sache que bébé est en train de venir.
Les enfants ont continué de dormir. Mon chéri prend une douche, se rase, il me dit vouloir être beau pour l'arrivée de Graine J . Je lui demande d'aller chercher pain et croissants, cela fera plaisir à tout le monde
Je sors du bain, j'ai envie de marcher un peu. Mélissa se réveille, on lui explique que le bébé arrive aujourd'hui, elle est toute contente. La sage-femme arrive à 7h. Matthieu se lève, il est dans le brouillard. Manu va chercher des croissants (il oublie le pain). La sage-femme m'examine, col effacé, dilaté à 3-4 cm. C'est bien aujourd'hui que naît mon bébé! Ma sage-femme, Béatrice, appelle sa collègue Danielle qui a 1h de route.
Je me tiens à un meuble ou une chaise pendant chaque contraction. C'est drôle de voir Mélissa avec ma sage-femme. Mélissa comprend, car je leur avais lu dimanche le livre qui conte aux enfants une naissance à la maison (Runa’s Birth). Les enfants n'ont pas du tout envie d'aller à l'école aujourd'hui!! Je crois qu’ils auraient aimé couper le cordon comme la petite fille dans l’histoire.
Envie de marcher, je ne suis pas bien assise, je bois un peu de lait, croque un croissant, j'en ai envie. Béatrice me pose dans la chambre un monitoring de 30 min environ. On plaisante, car aujourd’hui des travaux devaient débuter dans la maison pour poser des velux. Je savais bien que la date était mauvaise lol ! Manu a décommandé bien sûr. Et puis nous avions prévu (moi sans y croire) d’aller au théâtre vendredi soir. On va aussi l’annuler. Le cœur du bébé va bien, il a un rythme identique même pendant les contractions. Tout va bien. Je propose que les enfants voient le monito, entendent le coeur du bébé. Il n'y aura pas d'autre monito. Cela leur plaît, ils trouvent cela émouvant je crois.
Je me plie, je me penche en avant à chaque contraction.
Le papa prépare les enfants, moi je reste je crois dans la chambre, à gérer mes contractions.
Béatrice décommande ses RDV du jour.
Tiens un appel sur son portable de celle qui me fait le chant prénatal!.. aurait-elle des antennes?...
Manu emmène les enfants à l'école. Je leur dis bonne journée à ce soir. Je leur dis que ce soir ils seront 3 enfants dans la maison. Je ressens un soulagement lorsque le calme s’installe dans la maison, les enfants étaient excités bien sûr.
J'écoute mon corps, je suis chaque contraction, j'accompagne, je me dis qu'elles ouvrent le col.
J'entends Manu qui revient. Je n'ai pas vraiment entendu arriver Danielle la seconde sage-femme.
Elle m'examine: 6cm, poche bombée qu'elle fait attention de ne pas percer. Le bébé est encore haut. Il parait que cela arrive souvent au 3è. Elle refait couler un bain, m'y invite en me disant qu'elle y a mis des huiles essentielles en fonction de l'examen qu'elle a fait du col. Je commence à être dans "ma bulle". Je ne suis plus tout-à-fait présente, les contractions se sont intensifiées. Ca sent bon quand je plonge dans ce bain. Les contractions sont de plus en plus fortes, peu rapprochées heureusement, je récupère entre chaque. A chaque contraction je fais des sons des Aaaa OOO. Mon chéri me tient la main, m'accompagne. Je suis sur le côté gauche, puis un peu le ventre dans l'eau, puis sur le côté droit. C'est dur chaque contraction, mais je fais les sons, je sais que cela aide, m'aide. Les vibrations se propagent dans l’eau, c’est super. L'eau se refroidit, on remet de l'eau chaude, mais il n'y a plus d'eau chaude. Moi je suis dans ma bulle. On fait chauffer de l'eau, c'est ce qu'on me dit. Arrive D. avec la bouilloire, elle me dit qu'elle va verser, je dois retirer mes jambes entre 2 contractions. Ca s'intensifie encore...
D'un coup je ne peux plus faire de son, ça fait mal, je pousse, la poche des eaux se rompt d’un coup, je le dis à Manu. Efficace le cocktail d’huiles essentielles !Les sage-femmes sont ensemble dans la cuisine. Je me dis "mais il faut leur dire". Elles ont entendu que je faisais des sons bien différents, elles ont l'habitude, elles savent, et je n'ai pas su formuler cela à Manu, trop prise dans ces contractions de poussée, déjà!
Elles me demandent de sortir du bain. Je me sèche, mon homme me porte jusqu'au lit (juste en face de la salle de bain). Je vois qu'il a été préparé: alèses, coussins. Chouette la montagne de coussins, je m'y plonge, je suis à 4 pattes, plus ou moins. Je râle à chaque poussée, avec mon homme qui m'encourage, me tient la main. Je demande à chéri de me sécher les cheveux, ils me gênent! j'en suis incapable. Comme ça fait mal! j'entends "il arrive ! ton bébé arrive !". C’est Béatrice qui m’encourage. Ca pousse, ça pousse tellement fort ! Oui c'est un vrai réflexe de poussée! je le sens qui s'engage, la tête s'engage, je me demande si c'est possible que ça prenne tant de place, comment c'est possible?!? ça y est la tête passe, je sens ensuite les épaules. Je me redresse. Mon bébé, qu'on me donne mon bébé. En fait il avait 3 tours de cordon, lâche. Les sage-femmes le sortait de là, et c'est certainement pour cela qu'il ne descendait pas. Le cordon est très long, elles ont rarement vu ça: 1m à 1m50!
J’aurais bien aimé pouvoir récupérer bébé entre mes jambes. Tant pis.
Mais bébé va bien, tout va bien, je me tourne on me le donne dans une serviette chaude, on m'en donne une chaude aussi. Qu'il est beau! mais es-tu une fille ou un garçon?... je regarde: un garçon! je le savais au fond de moi, je le savais. Matthieu va être content.
On nous laisse tous les trois faire connaissance longuement.
Moments merveilleux.
Bébé cherche à têter, je le mets au sein.
Puis je dois me relever (avec de l’aide) pour faire sortir le placenta. Sans soucis, je pousse fort sur un seau et il sort.
Les sages-femmes nous le montrent, elles nous expliquent comment il a fonctionné presque 9 mois pour mon bébé, ce placenta. Nous le conservons au congélateur pour le mettre au pied d’un arbre, sans doute un poirier.
C'était magique tout cela. Je rêvais de donner naissance à 4 pattes, et j'ai pu le faire. Je souhaitais une naissance naturelle, elle l'a été. Tout s’est bien déroulé, pas de blocage. Même si je pense que pendant la poussée mes râles ont mal accompagné les derniers moments avant l’expulsion. Et j’ai eu mal à la gorge par la suite. Il était 10h30 quand il est né.
Beaucoup beaucoup d'émotion, une grande joie.
J’appelle chez mes parents, j’annonce que bébé est né, à la maison. Nous n’avions pas voulu prévenir les grands-parents pour ne pas les effrayer ni qu’ils nous parlent de leurs peurs. Mais maman n’est pas étonnée…
Les sages-femmes sont reparties vers 13h. Mon homme m'a fait à manger, poulet et légumes. J’ai bien fait de faire des courses la veille !
On a mis du temps à se décider pour le prénom. On n'avait pas tranché, il y avait une liste de prénoms.
On a hésité, car Esteban, c'est Etienne. Oui, et bien justement! aller, hommage à mon grand-père, décédé en mars, qui m’a en quelque sorte laissé ce bébé adorable en cadeau, et hommage à mon beau-frère qui nous manque tant… !
J’envoie un MMS à presque tout mon répertoire avec une photo de mon beau bébé au sein. Je suis si heureuse.
Quand Manu est allé chercher les enfants, ils étaient fous de joie. C'était merveilleux de les voir faire connaissance de Esteban leur petit frère à leur retour de l’école, simplement sur notre lit !
Esteban a beaucoup dormi. Moi pas la première journée. Tout cela a été tellement intense même si serein!
Le lendemain matin Manu est allé fièrement déclarer la naissance de son fils à la mairie du village. Il est très bien accueilli, et on apprend que cela fait 25 ans qu’il n’y a pas eu de naissance dans notre village.
Matthieu le mercredi m’a dit, penché sur Esteban, et en me regardant les yeux pétillants : « Merci, merci, merci !! ». Rien de plus. Il souhaitait un petit frère, et qu’il naisse à la maison. Je crois qu’il gardait mauvais souvenir de mon séjour à la maternité pour la naissance de sa petite sœur quand il avait presque 3 ans. Il a aujourd’hui 7 ans et demie mon premier bébé !
Merci à tous ceux et celles qui m’ont aidée, soutenue, nourrie jusqu’à faire aboutir ce projet.
Merci à mon Manu, le premier qui m’a fait entièrement confiance, qui a une confiance infinie dans la nature et qui m’a si bien soutenue durant cette formidable aventure
Merci à Charlotte, aux doulas que je connais, et à celles qui se forment.
Merci à A.
Merci à Magalie pour le massage
Merci à Béatrice pour sa douceur, et à Danielle, elles sont formidables !
Merci à l’acuponcteur, à l’ostéopathe (j’ai découvert la médecine douce et efficace durant cette grossesse)
Merci à MC pour le chant prénatal
Merci à mes parents, à papa qui m’a toujours fait confiance
Merci au collectif Naitre chez soi et au site Accoucher Autrement. Les récits m’ont beaucoup fait rêvée et m’ont guidée.
Merci à M. Odent pour ses écrits. Le fermier et l’accoucheur ont fini de me convaincre.
Caroline
En ce moment plusieurs actions sont en cours pour
soutenir la pratique de l'accouchement à domicile en France ainsi que le libre choix du lieu de naissance.
Ces trois actions étant complémentaires, n'hésitez pas à participer à chacune d'entre elle!
Petit rappel de ces actions:
1/ Manifeste en faveur de l'accouchement à domicile accompagné par une sage-femme.
Les Déchaînées ont réalisé un manifeste largement inspiré du manifeste des 343 salopes , afin de demander la possiblité d'accoucher à domicile avec une sage-femme (assurée).
Les signataires ont accouché à domicile sans assistance médicale parce qu'elles n'ont pas trouvé de sage-femme, ou ont l'intention de le faire si elles n'en trouvent pas.
Ce manifeste a dépassé les 2600 signataires
Signez encore !
On ne va pas en rester là !
Après quoi, le texte ainsi que la liste des signataires seront imprimés et transmis à notre Ministre de la Santé, au CNGOF, au CNOSF et à la presse...
Texte complet du manifeste (et lien pour signer):
http://dechaineesweb.free.fr/index.php?page=q
2/ Faites connaître la réalité de votre situation en écrivant un courrier aux instances concernées
Vous habitez dans un département où il n'y a pas de sage-femme qui accompagne les accouchements à domicile;
Vous habitez dans un département où il y a une (ou des) sage(s)-femme(s) qui accompagne(nt) les accouchements à domicile mais la demande étant trop importante, vous ne pouvez en bénéficier.
Vous bénéficez d'un accompagnement global pour le suivi de votre grossesse mais votre sage-femme ne peut pas accompagner votre accouchement car elle n'a pas accès au plateau technique local.
Le groupe de travail GT13 du Ciane vous propose de faire connaître la réalité de votre situation en écrivant au Conseil national de l'ordre des sages-femmes (CNOSF) au moyen d'une lettre type (voir lien ci-dessous) à personnaliser, ainsi qu'une copie à l'association Alliance francophone pour l'accouchement respecté (AFAR).
Nous espérons que cette action fera avancer les choses et permettra que l'offre de soins en France puisse effectivement se diversifier.
Toutes les infos sur cette page :
http://perinatalite.over-blog.com/8-categorie-10252945.html
3/ Soutenir le droit au libre choix du lieu de naissance
Une pétition pour réclamer plus de choix en France (AAD; maison de naissance; en accompagnement global avec accès à un plateau technique etc...) a aussi été lancé par l'association "Libre Choix de Naissance"
( http://libre-choix-naissance.over-blog.com/ )...
Alors si vous aussi, vous trouvez que l'on devrait rester
libre de choisir où et comment naîtra son enfant...
Signer et diffuser largement cette pétition...
L'ACCOUCHEMENT à l'hôpital ou en clinique garantit davantage de sécurité qu'une naissance à la maison.
C'est le message du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) , trois mois après le décès d'un bébé suite à un accouchement à domicile pratiqué illégalement par une fausse sage-femme en Ariège.
J'ouvre cette pétition afin que puissent se faire entendre tous ceux et celles qui souhaitent que les femmes qui veulent accoucher à domicile puissent avoir accès à ce choix.
Même si vous n'envisagez pas pour vous-même cette solution, vous pouvez soutenir la liberté de choix en matière d'accouchement.
Pour que cette liberté soit réelle encore faut-il qu'il existe suffisamment de Sages Femmes Libérales qui sachent accompagner un accouchement à la maison. Cet aspect de leur profession doit être reconnu et accepté comme légitime par les autorités médicales françaises.
Je vous invite donc à signer la pétition en ligne.
Pensez à cliquer la première ligne qui suit vos coordonnées si vous voulez rester anonyme.
Aprés avoir cliqué sur Submit le site propose une participation financière, même si vous la refusez, votre signature est enregistrée.
Lien vers site : Cliquez ICI