Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Naître Chez Soi
  • : Ce site est la vitrine du collectif Naître Chez Soi qui défend la liberté d'enfanter à domicile en Fance, accompagné par le professionnel de santé de votre choix.
  • Contact

Rechercher

12 novembre 2007 1 12 /11 /novembre /2007 16:56
Récit d’Algrid

Un accouchement à la maison, non assisté. La naissance d’Elià

Depuis le milieu de ma première grossesse, je souhaitais accoucher à la maison. Cela n’a pas été possible pour notre premier bébé, parce que Stéphane ne se le « sentait pas »…

Jeudi 3 mai 2007. Elià est né hier matin…

Après quelques heures de contractions régulières mais peu douloureuses (de minuit à 4 heures environ) des contractions beaucoup plus irrégulières mais très, très intenses – voire violentes. Je n’ai pas trop dormi. Vers 6 heures, je vais vider mes intestins avant que les contractions n’augmentent encore d’un cran !

Je prends chaque contraction, je l’accepte, je me laisse porter par elle. Je souffle par la vulve, avec la langue légèrement hors de la bouche (comme je l’ai lu)

Quand Nino se réveille et me demande de téter, je me doute que cela sera trop pénible, mais on essaie. Après quelques secondes, ce n’est tout simplement pas possible. Il le comprend plus ou moins. Je remonte me coucher, souffler seule mes contractions allongée sur le côté, puis Stéphane me demande si je veux quelque chose… : qu’il me fasse couler un bain.

J’appelle Lisbeth ; elle se met à ma disposition, pensant, tout comme moi, que je suis en début de « travail ». Il est 7h30 environ. Je vais me glisser dans le bain. Les contractions me semblent extrêmement douloureuses, même dans l’eau, et je ne supporte pas les regards ni la présence de Nino ni de Stéphane dans la salle de bain ; je leur demande de sortir, sans ménagement.

Ils sont ensuite prêts à partir (Nino va chez son assistante maternelle et Stéphane devait aller au travail, mais il a compris qu’il n’ira pas pendant quelques temps !), je dis au revoir à Nino, et que ce soir le bébé sera là, et je suis ravie de les entendre quitter l’appartement.

Je rappelle Lisbeth et lui dis « Je voudrais que tu viennes ». Elle comprend, et me dit qu’elle arrive (1h30 de route environ)

Puis, les contractions s’accélèrent encore. J’alterne le souffle long avec quelques souffles courts, pour « monopoliser le cerveau ailleurs », comme avait dit Isabelle. Mais c’est très intense. J’émets quelques sons (type boooaaaaa, très graves et puissants) mais bientôt l’intensité des contractions ne me permet plus d’y penser. Je continue les respirations. Cela m’aide. Je suis sur le côté gauche, c’est ainsi que je gère le mieux la douleur.

Je pense à ce moment-là que si Lisbeth arrive et me dit que je suis « en début », je lui demande un transfert avec péridurale : ça ne pourra pas durer ainsi trop longtemps.

Mais très vite, je dois (instinctivement) me retourner sur moi-même ; je me retrouve à quatre pattes dans la baignoire, et la poche des eaux se rompt aussitôt. Le liquide reste limpide. Après deux contractions ainsi (je suis mal à l’aise, parce que je n’ai pas assez de place pour écarter mes jambes), je dois de nouveau me retourner et me retrouve de nouveau sur le dos, mais cette fois ci sur le côté droit.

Et puis, « ça » pousse ! ! Je m’entends dire « P…n, là ça fait mal ! » dans un sanglot, mais je me reprends tout de suite en me parlant tout haut (et aussi à l’attention du bébé) : je m’encourage, je dis que nous nous en sortons comme des chefs, que c’est très bien…

Je mets ma main à la vulve et je sens dans le fond de mon vagin les cheveux de mon bébé… Je ressens avec plaisir le désir puissant de pousser, le réflexe d’éjection. Je vois ma vulve se déformer, je l’aide d’une main et bientôt la tête sort ! Ouahou ! Je me sens super soulagée et à la fois étonnée parce que je ne vois pas le visage du bébé. Rien ne m’indique s’il va bien, et pourtant je sais que tout va bien.

Je suis excitée et continue de m’encourager (nous encourager) tout haut, tout en soufflant et me reposant quelques secondes sur le bord de la baignoire. J’ai envie de pousser, mais je me reprends aussitôt : rien ne sert de se presser, je préfère attendre que le réflexe reprenne… Et en effet après quelques secondes, deux contractions permettent au corps du bébé de sortir. Ouf !

J’attrape le bébé et le sort de l’eau. En passant, la tête du bébé a vidé le peu qui restait dans l’ampoule rectale, et l’eau est rosée de mon sang, et j’ai peur de l’infection pour lui ou pour moi, j’ai donc envie de sortir du bain. Je pose le bébé sur mon ventre. Il est un peu bleu et je m’aperçois après quelques secondes qu’il a un tour de cordon autour du cou. Je le lui enlève sans difficulté. Ses yeux sont fermés. Il n’est pas content, il « pleure ». Il devient vite rose.

Je regarde l’heure ; il est 8h37. C’est un garçon. Je décide qu’il s’appelle Elià. Stéphane et moi en avons parlé la veille, juste avant de dormir, on venait de se décider !

Ensuite, je reste plusieurs minutes décontenancée : comment sortir de la baignoire ? Je parviens à nous sortir, et reste encore de longues secondes debout, dans la salle de bain, à attraper les serviettes à portée de main, pour nous sécher, nous réchauffer…

J’appelle ensuite Lisbeth et lui dis que le bébé est né. Elle est super étonnée et me dit qu’elle appelle tout de suite Fabienne par rapport au placenta. Elle me rappelle aussitôt, Fabienne sera là dans 20 minutes. Je lui dis ma décontenance et elle me dit d’aller simplement me coucher avec mon bébé, le plus près possible. C’est bien ce que j’avais l’intention de faire et je sors de la salle de bain et vais dans la chambre de Nino (c’est la plus proche) et m’installe tant bien que mal, une couche entre les jambes, une couverture pour ne pas avoir froid, le bébé en peau à peau. Il « pleure » toujours et ne veut pas téter.

Quelques minutes après, Stéphane arrive. Il file tout droit à la salle de bain, me demandant où je suis, et sans entendre ma réponse, en entendant notre bébé à qui je parle. Il passe donc devant nous sans nous voir, puis se rend compte que nous sommes là et nous rejoint ! Très étonné qu’Elià soit déjà né. Je suis très centrée sur ce bébé et ne raconte que peu de sa naissance.

Je ne réalise pas tout à fait moi-même ! Je me sens quand même fière et heureuse… Depuis le début de cette grossesse, bien qu’ayant contacté des sages-femmes pour préparer un accouchement à la maison, je disais que je me sentais d’accoucher seule et j’ai souvent formulé l’idée que j’accoucherai avant l’arrivée de la sage-femme… et j’en rêvais ! Ca ne pouvait pas mieux de passer… vraiment seule ! ! !

Ensuite, Fabienne arrive et prend les choses en main pour m’installer confortablement, proposer à Stéphane et couper le cordon qui ne bat plus depuis longtemps, ce qu’il fait, me guider pour faire sortir le placenta qui est déjà décollé, pendant qu’Elià tète enfin ! Elle s’occupe aussi de lui. Il pèse 4.420 kg. Elle me fait deux points pour une petite déchirure et range tout. Lisbeth arrive à son tour et Fabienne s’en va. Nous papotons, je déjeune, je ris et je réalise peu à peu en les racontant l’intensité émotionnelle des moments que je viens de vivre. Tout va bien… L’accouchement, la naissance, mon bébé, moi…

Elle part aussi et nous nous retrouvons tous les deux. Nous sommes bien. Je me repose, Stéphane s’occupe de tout.

En fin d’après midi, il va chercher Nino qui découvre son petit frère, tout fier, tout étonné aussi. Il lui fait des bisous, il répète qu’il est déjà là… ! Tout se passe super bien !

Tout est simple, « naturel ». Je me sens très reliée à Elià. Ma relation avec Nino n’a pas changé. Je me sens heureuse, sereine… C’est à la fois extraordinaire, cette naissance, et à la fois tellement évident, normal… C’est fabuleux, la vie !

Partager cet article
Repost0

commentaires